Le geai des chênes est un oiseau qui vit en milieu forestier, avec une prédilection pour les forêts de feuillus, mêlées ou non avec des conifères. L’hiver toutefois, il n’hésite pas à s’inviter dans notre jardin pour profiter de la mangeoire ou sautiller dans l’herbe pour se nourrir au sol. [1] [3] [4].

Le geai des chênes est présent sur l’ensemble du territoire français, à de rares exceptions près, mais il n’existe pas de recensement précis des effectifs. Les densités peuvent varier de 1 à 15 couples au km2, selon les régions [6]. La population nicheuse serait comprise entre 400 000 et 1 million de couples [3].

Le geai des chênes a un régime omnivore à dominante végétale, basé essentiellement sur la consommation de glands [1]. Les glands sont consommés toute l’année et peuvent représenter 70% à 80 % de son alimentation [5].

Il a une prédilection marquée pour les fruits des vergers et les graines, auxquels il ajoute souvent des œufs d’oiseaux, des petits rongeurs, des insectes et des lézards [1] [2].

Considéré comme “susceptible d’occasionner des dégâts” dans 4 départements français, il peut être détruit à tir mais aussi piégé dans les vergers et les vignobles. Concurrent des chasseurs car il est prédateur d’oiseaux, le geai des chênes provoque quelques dégâts sur les cultures.

Pourtant, il est aisé de le tenir à distance des vergers et arboricultures en utilisant les moyens classiques d’effarouchement, durant les périodes sensibles où les fruits arrivent à maturité : techniques visuelles (épouvantails, objets mobiles) ou sonores (diffusion de cris de détresse). Des filets peuvent aussi être utilisés pour protéger les arbres, lorsque les surfaces sont faibles.

 

Le geai des chênes, premier reboiseur européen

Oiseau typiquement forestier, le geai des chênes entretient des relations privilégiées avec le chêne. L’arbre fournit la nourriture à l’oiseau qui, en retour, assure sa régénération sur plusieurs kilomètres. Lorsque l’espèce est protégée, l’impact sur les régénérations naturelles est énorme.

Par son choix alimentaire, notre oiseau favorise le chêne par rapport aux autres espèces forestières telles que les hêtres et les noisetiers. De plus, dans son alimentation, le geai ingère une grande quantité de chenilles défoliatrices. Seuls les glands mûrs, sains et résistants aux attaques fongiques sont transportés par le geai. Le gland est disposé en-dessous de la litière de la forêt, ce qui protège les agents de la fonte des semis et dans un terrain meuble facilitant son enracinement. Les caches sont toujours dans des zones de transition de la végétation. Cette situation évite les couverts denses empêchant toute possibilité de survie des plantules. Ces conditions de protection limitent les invasions de chenilles défoliatrices et les attaques des herbivores comme les cervidés ou les lapins. Cet abri léger assure aussi une meilleure croissance des jeunes plants.

Chaque oiseau disperse annuellement 4600 glands et lorsque l’espèce est protégée strictement, les forêts accueillent un couple tous les 5 hectares. Dans ce cas, l’impact sur les régénérations naturelles est énorme. Les semis effectués par notre oiseau sont facilement reconnaissables car ils laissent une marque en forme de V sur le péricarpe. Grâce à cette empreinte, Bossema a montré que dans l’ensemble des régénérations naturelles contrôlées, 59% au moins des plantules sont issues de glands semés par le geai…

Cette relation geai-chêne est à avantages réciproques. Le chêne fournit la nourriture de son hôte et le geai assure la régénération du chêne. Les deux espèces ont co-évolué pour aboutir à un système où chacune d’elle est adaptée à l’autre.
L’action du geai sur les forêts est double : il contribue d’une part à assurer la pérennité des chênaies et d’autres part à les étendre en rendant possible leur installation dans les friches. [7]

 

La sentinelle de la forêt

Le geai des chênes est un oiseau guetteur, dont le cri strident est réputé alerter ses congénères, mais aussi une partie des animaux des sous-bois et de la forêt, à l’approche d’un prédateur ou d’un intrus.

L’écureuil roux, le renard savent exploiter ces informations. C’est pourquoi on le surnomme La sentinelle de la forêt. [2]

 

Animal Cross demande que devant le peu de dégâts commis et les avantages qu’il apporte à nos écosystèmes, le geai soit retiré de la liste des nuisibles.

 

Sources :

[1] Muséum National d’Histoire Naturelle, « Inventaire de la faune de France », éditions Nathan, 1992.

[2] D. Collin et D. Le Dantec, « Le geai des chênes », Oiseaux.net, 2012 (www.oiseaux.net/oiseaux/geai.des.chenes.html)

[3] J. Roché, Y. Muller et J.-Ph. Siblet, « Une méthode simple pour estimer les populations d’oiseaux communs nicheurs en France », Alauda, no 81, 2013.

[4] D. Yeatman-Berthelot et G. Jarry, « Atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989 », Société ornithologique de France, Paris, 1994.

[5] P. Orsini et G. Cheylan, « La faune sauvage des chênaies (les vertébrés terrestres) », Forêt méditerranéenne, vol. 17, no 3, 1996.

[6] G. Olioso, « Corbeaux et corneilles », éditions Delachaux et Niestlé, 2012.

[7] Extrait d’un article d’Alexis DUCOUSSO et Rémy PETIT, chercheurs à l’INRA, dans le journal Forêt-entreprise” n°68.

 

 

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