Abattage : il est urgent d’alléger les souffrances des animaux !

Quelles sont les méthodes d’abattage permettant une meilleure prise en compte du « bien mourir» animal ? Certains seront peut-être choqués qu’une association de défense des animaux s’intéresse d’aussi près à ces questions. Ils critiquent pêle-mêle toutes les méthodes d’abattage. Pour Animal Cross, alléger les souffrances des animaux des abattoirs fait partie de ses actions prioritaires. Un moindre mal, une méthode qui fait moins souffrir qu’une autre, méritent qu’on y travaille. Des millions d’animaux peuvent en profiter.

Des progrès énormes à accomplir dans les abattoirs

  •  améliorer les méthodes existantes, en incitant les abattoirs à respecter des règles de qualité d’abattage.
  • changer pour des méthodes causant moins de souffrances : le gazage pour les volailles et les porcs à la place des méthodes les plus couramment utilisées, respectivement le bain électrique et l’électronarcose.
  • enfin, il est inacceptable que les animaux ne soient pas étourdis avant d’être saignés. Introduite pour répondre à l’abattage rituel, cette pratique est devenue une habitude.

Les critères à regarder d’un point de vue du bien-être animal sont les conditions avant et pendant l’étourdissement et l’enchaînement étourdissement-saignée-mort.

  • Les conditions avant et pendant l’étourdissement : l’animal est-il stressé ? pendu par les pates ? amené avec un aiguillon ou bâton à chocs électriques ? le sol glisse-t-il ? le bâtiment est-il suffisamment ventilé ?
  • L’enchaînement étourdissement-saignée-mort : l’étourdissement doit permettre la perte de conscience à l’animal jusqu’à la fin de la saignée. Par exemple, pour un mouton il faut environ 17 secondes entre la tranchée des carotides et la mort. Par ailleurs, le retour à la conscience intervient environ 25 secondes après l’électronarcose. Ainsi, la saignée par les 2 carotides devra intervenir dans les 8 secondes suivants la fin de l’étourdissement par électronarcose: 25 secondes – 17 secondes = 8 secondes (voir schéma).
  • Les questions à se poser, par exemple, sont : tous les animaux sont-ils étourdis avant d’être saignés ? Quelle méthode est la plus fiable sur 100% des animaux au vu de la variabilité entre les animaux ?

Illustration des différents temps à respecter pour un abattage correct (source Efsa)

La loi bafouée : des centaines de milliers d’animaux saignés sans étourdissement

Selon l’Oeuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoir (OABA) en 2006 et 2007, d’après une enquête auprès de 225 des 320 abattoirs supervisés par les services vétérinaires, 118 abattoirs pratiquaient des abattages rituels (israélite et musulman).

Dans ces 118 abattoirs :

  • 28% des gros bovins y sont abattus rituellement (dont 89% sans étourdissement préalable);
  • 43% des veaux y sont abattus rituellement (dont 93% sans étourdissement préalable);
  • 62% des ovins et caprins y sont abattus rituellement (dont 88% sans étourdissement préalable).

Rappel : la loi impose que les animaux soient abattus après étourdissement hors cas particulier comme l’abattage rituel.

 

Des améliorations capitales à apporter d’un point de vue du « bien mourir » animal

De nombreux animaux ne sont pas étourdis, contrairement à la loi.

De nombreux animaux nécessitent un 2ème étourdissement. Par exemple de 4 à 6% des bovins avec la méthode la plus répandue de pistolet à tige perforante. Quel industriel accepterait un tel taux de « non qualité » sur sa production ?

De nombreux animaux reprennent connaissance avant la fin de la mise à mort.

De nombreuses situations de stress restent pour les animaux.
L’électronarcose pour les moutons, méthode la plus usitée (application d’un courant électrique au niveau de la tête) est souvent employé quand les animaux sont en groupe. L’étourdissement se fait donc au vu et su des autres animaux.

Dans certains cas, les méthodes d’abattage ne sont pas du tout adaptées :
o Pour les volailles, la méthode la plus répandue et la plus ancienne est les bains électriques. L’accrochage des volailles par les pattes peut durer jusqu’ à « 3 minutes pour les poulets et 6 minutes pour les dindons » (10.3 Efsa 2004) avant l’étourdissement. Quasiment toutes les volailles se débattent dans cette position absolument pas naturelle pour elles. Les articulations et les ligaments sont très affaiblis chez ces animaux élevés en cage ou en très grands nombres et n’ayant pas la possibilité de marcher. Elles se cassent ou déchirent fréquemment lors de cette pendaison.
o Pour les porcs, une méthode utilisé est le pistolet à tige perforante. Hors, le tir dans le cortex n’est pas aisé sur cet animal et il est nécessaire de bien l’immobiliser.

De nombreuses solutions possibles

La désignation d’une personne responsable du bien-être animal dans toutes les étapes de l’abattage et la formation des personnes travaillant dans les abattoirs.

Un plan de contrôle des aspects de bien-être animal dans les abattoirs, sur le modèle anglais du HACCP. Ce plan mesure les points clés de bien-être animal sur le lieu d’abattage :
1) pourcentage d’animaux étourdis du premier coup,
2) pourcentage d’animaux qui reste insensible jusqu’à la mort,
3) pourcentage d’animaux qui ne vocalisent pas dans la phase de manipulation et d’abattage,
4) pourcentage d’animaux qui ne glissent ou ne tombent pas,
5) pourcentage d’animaux qui ne sont pas menés par l’aiguillon.

animal cross demande non seulement que de tels plans soient mis en place mais aussi que l’information sur les conditions d’abattage des animaux soit publiée, ce qui intéressera les éleveurs, les distributeurs et les consommateurs.

A noter : Hors changement de méthode, les responsables des abattoirs jugent qu’une amélioration du bien-être animal et la désignation d’un responsable bien-être peut se faire sans impact sur les coûts car ils peuvent augmenter l’efficacité des opérations.
Un étiquetage mentionnant les animaux saignés sans et avec étourdissement pour permettre aux acheteurs de faire un choix éclairé.

Une utilisation de méthodes plus adaptées : gazage des porcs (remplace pistolet à tige perforante) et poulets (remplace bains électrocutants), ce qui nécessite des investissements. Ces méthodes seront en priorité à développer dans les établissements à forte capacité, généralement spécialisés et qui peuvent le financer. Il faut savoir que le coût de l’abattage est faible dans le coût total. Le coût de l’étourdissement représente 2,9% du coût final pour les poulets et 0,6% pour les dindons. Aussi des améliorations du bien-être animal, même si elles entrainent un surcoût, sont en général acceptables d’un point de vue économique. Par ailleurs, l’’installation de système de gazage représente un investissement supérieur à celui d’une installation électrique ainsi que le coût de fonctionnement. En revanche, des gains sont attendus en termes de qualité de la viande (pas de pattes cassées suite à l’accrochage des pattes en vue du bains électriques).

Les méthodes d’abattage

Nous avons réalisé le tableau ci-joint pour bien comprendre les différents méthodes d’abattage. Nous espérons qu’une meilleure compréhension de ces méthodes conduira à une amélioration des pratiques.

 

Sources : Rapport de l’autorité européenne de sécurité des aliments (AESA-EFSA) Juin 2004 et OABA

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