Le classement d’une espèce dans la catégorie “nuisible” ou plutôt “susceptible d’occasionner des dégâts” est aujourd’hui justifié par 4 arguments :

  • Les dégâts engendrés sur les activités agricoles ; forestières et aquacoles
  • Les risques pour la santé et la sécurité publique
  • La mise en danger des écosystèmes
  • et l’atteinte à d’autres formes de propriété (notion spécialement introduite pour la fouine !)

La liste des nuisibles varie entre les pays et à travers le temps. Par exemple, la martre ou le putois sont inscrits à la liste des nuisibles en France alors que d’autres pays d’Europe encouragent des plans de réintroduction ou de protection de ces animaux en raison de leurs intérêts écologiques. L’ajout d’espèces à la liste des nuisibles paraît donc subjective et guidée par des arguments discutables et toujours anthropocentrés.

Mais la distinction entre les espèces jugées “utiles” et celle jugées “nuisibles” est heureusement dépassée en écologie. Les espèces co-évoluent dans les écosystèmes eux-mêmes changeants où les “bons” et les “mauvais » n’existent pas (Rigaud, P ; 2017). Il est temps de changer de vision et de montrer comment ces animaux peuvent être utiles à la nature.

A SAVOIR : Qui sont les animaux "susceptibles d'occasionner des dégâts" ?

Le décret, pris en application de l’article L. 427-8 du Code de l’Environnement, prévoit, aux niveaux national et local, les modalités selon lesquelles des catégories d’espèces sont classées parmi les espèces nuisibles ou sont susceptibles d’être classées comme telles, ainsi que les motifs justifiant ces classements :

• une première catégorie comprend des espèces envahissantes, qui sont classées nuisibles par arrêté ministériel, sur l’ensemble du territoire métropolitain ;
• une deuxième catégorie concerne des espèces qui sont classées nuisibles par arrêté ministériel triennal, sur proposition du Préfet, après avis de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (cela concerne ces 4 espèces de mustélidés et le renard, etc.)
• une troisième catégorie est relative aux espèces qui, figurant sur une liste ministérielle, peuvent être classées nuisibles par arrêté préfectoral annuel (ex. le sanglier.)

Et les arrêtés ministériels fixant ces listes d’espèces précisent les conditions de destruction qui peuvent être mises en œuvre.
Le décret interdit en outre l’usage des produits toxiques pour la destruction d’animaux d’espèces nuisibles.

Le putois : un « nuisible » devenu rare

Ami des agriculteurs pour la protection des cultures, aide pour limiter l’expansion du rat surmulot et du rat musqué, nettoyeur efficace de la nature, partenaire dans la lutte contre la myxomatose, le putois est pourtant encore classé nuisible dans 2 départements français.

-> Lire l’article consacré à l’utilité du putois

La fouine, le mustélidé le plus piégé de France

Partenaire idéale pour les agriculteurs, la fouine réalise d’importants prélèvements dans les populations de petits rongeurs responsables de nombreux dégâts agricoles. Elle joue un rôle de dératisation et de police sanitaire des écosystèmes.

-> Lire l’article consacré à l’utilité de la fouine

La martre, une cousine forestière de la fouine

La martre est classée « nuisible ». Et pourtant, sa nourriture de base reste les micromammifères et surtout des campagnols que les agriculteurs combattent à coup de produits chimiques néfastes…

-> Lire l’article consacré à l’utilité de la martre

La belette, si discrète mais tellement persécutée

Prédateur des souris et des rats, la belette a une alimentation très spécialisée. Elle ne devrait donc pas être classée parmi les espèces nuisibles.

-> Lire l’article consacré à l’utilité de la belette

 

La corneille et le corbeau, auxiliaires bénéfiques de la nature

Protecteurs de la nature, les crneilles et les corbeaux sont aussi d’une intellignece hors du commun.

-> Lire l’article consacré à l’utilité des corbeaux et des corneilles

Inscrivons les mustélidés sur la liste des mammifères protégés !

Depuis une vingtaine d’années, plusieurs pays européens protègent l’ensemble des mustélidés.

Dans une note de 2010 adressée à la CDCFS de l’Eure, la DREAL de Haute-Normandie considère qu’un arrêté « nuisible » ne peut être pris à l’encontre des mustélidés comme le putois, la fouine, la belette ou la martre car les bénéfices apportés par la présence de ces espèces sont bien supérieurs aux dégâts qui leur sont soi-disant attribués.

« Les mustélidés sont des prédateurs naturels des ravageurs des cultures », explique-t-elle. « Assurant ce rôle de régulation des populations, sans intervention humaine, leur service écologique est un service gratuit non valorisé. Leur destruction par le piégeage constitue un gâchis écologique et une perte financière.

Cependant, en détruisant les prédateurs, le piégeage rompt ce cycle naturel. Libérés de cette prédation, les ravageurs ont une durée de vie supérieure à leur durée de vie normale. Ils occasionnent donc des dégâts supplémentaires estimés à  40% de la production agricole primaire consommée.

L’intérêt des mustélidés en terme économique y est même exactement chiffré. Dans le département de l’Eure, le fait de piéger les mustélidés coûte 105.000 Euros à l’agriculture du fait de la protection indirecte des « ravageurs » des cultures par destruction de leurs prédateurs que sont les belettes, fouines, martres, … »(…)

Ils concluent que :

1/ La santé et la sécurité publique ne sont pas menacées par les mustélidés.

2/ Non seulement les dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles ne sont pas prouvés, mais il est démontré que les bénéfices apportés par la présence de ces espèces sont bien supérieurs aux dégâts qui leur sont soi-disant attribués.

3/ Les mustélidés ne portent atteinte ni à la faune, ni à la flore. Bien au contraire, en régulant les populations des ravageurs de cultures, ils assurent un rôle de protection et participent à l’équilibre général de l’environnement.

Le classement de ces espèces en « animaux nuisibles » serait donc contraire aux textes de Loi. L’Arrêté Préfectoral de classement des nuisibles pourrait donc ne pas avoir l’assise juridique suffisante pour supporter une action en justice introduite par une association de protection de la nature.

Demandons à notre tour la suppression des mustélidés du classement des espèces nuisibles de France !

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