L’heure est grave. Ce lundi deux militants de l’association L214 ont comparu devant le tribunal de Versailles pour s’être introduits dans l’abattoir d’Houdan pour y filmer le gazage des cochons. Le procureur a requis 15 000 € dont 10 000 € avec sursis. Ils doivent répondre de “violation de domicile” et “tentative d’atteinte à la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image ».

Depuis plusieurs années l’association L214 secoue l’opinion publique à travers ses nombreux reportages. Leurs images révèlent au grand jour la réalité des élevages et des abattoirs. Plus les ministres de l’agriculture successifs cherchent à cacher la réalité, plus les images montrent implacablement ce qui se passe derrière les murs. Après l’or de la Banque de France, les abattoirs sont sans doute parmi les lieux les plus secrets de ce pays. Interdit d’y filmer. Là où les journalistes ont renoncé devant tant de difficultés, ces militants ont osé braver les interdits. Selon la formule, tout le monde serait végétarien si les murs des abattoirs étaient transparents. Ce système vit de son opacité.  Il cultive le silence.

Quel mal ces militants ont-ils fait ? Témoigner de la vérité, dire au grand jour la nuit des sacrifices animaux, porter sur la place publique la souffrance de millions d’êtres ? Ces Arsène Lupin de la protection animale n’ont ni dégradé les biens ni atteint les personnes. Les voleurs d’images dénoncent les voleurs de vie dans un face-à-face inégal où la société sanctionne les actions des uns pour mieux légitimer les exactions des autres. On récompense Albert Londres pour son reportage sur le bagne de Cayenne et Nick Ut pour sa photo d’une fillette gazée au Vietnam. Mais on cherche à condamner les images de gazage des cochons et des internements des abattoirs. Aujourd’hui les combats pour la vérité sont aussi à l’intérieur de nos frontières, derrière les barbelés, dans ces camps où gisent les animaux.

Le rôle des associations de protection animale est de dénoncer encore et toujours les souffrances causées aux animaux. Aujourd’hui L214. Demain sera le tour des reportages de One voice pour la fourrure, du CIWF pour le transport d’animaux, de la Fondation Brigitte Bardot pour les moutons sacrifiés de l’Aïd… Un militant d’Animal Cross a été aussi surpris en train de filmer sur un lieu de gavage de canards et il attend de connaître son sort.

Quand tant d’horreurs sont commises derrière les murs, on ne voit pourquoi la propriété privée serait un principe intangible. Les consommateurs comme les citoyens ont le droit d’être informés.

Beaucoup aimeraient bâillonner la protection animale pour revenir au monde d’avant, où on peut tuer, torturer, maltraiter les animaux entre soi. Les associations de protection animale ne le permettront pas.

Toute notre solidarité envers les deux membres de L214 et bravo à cette super association.

 

 

Print Friendly, PDF & Email