Contexte

Depuis qu’une vache a été atteinte de Brucellose en octobre 2021, les syndicats agricoles et tout particulièrement le Syndicat Interprofessionnel du Reblochon (1), ont multiplié les pressions sur les services de l’Etat afin d’en finir définitivement et radicalement avec la population sauvage réservoir de cette maladie : les bouquetins du massif du Bargy.
En conséquence, et contre l’avis unanime des membres scientifiques du CNPN (Conseil National de Protection de la Nature) rendu le 27 janvier 2022, le préfet de Haute-Savoie, Alain Espinasse, a produit un projet d’arrêté préfectoral d’abattage sans contrôle sanitaire préalable d’un grand nombre de bouquetins (nous ne pouvons plus écrire indiscriminé car il y a un critère de sélection : ce sont principalement les femelles qui sont visées).
L’arrêté prévoit pour 2022 l’abattage, en zone coeur du massif, de 170 bouquetins non marqués (lors de campagnes précédentes), et la capture suivie d’euthanasie (pour ceux atteints par la maladie) de 30 individus la première année, puis de 50 par an.
(1) Le SIR pèse lourd : 636 entreprises productrices, 17000 tonnes de Reblochon par an

Merci de donner votre avis avant le 7 mars pour sauver ces bouquetins (exemple de texte ci-dessous) !

Arrêté autorisant sur l’ensemble du massif du Bargy la capture et l’euthanasie de bouquetins séropositifs en vue du contrôle de la brucellose au sein de cette population pour viser l’extinction de l’enzootie de brucellose…

Mise à jour sur le site de la Préfecture de Haute-Savoie le 14/02/2022 :

Arrêté autorisant sur l’ensemble du massif du Bargy la capture et l’euthanasie de bouquetins séropositifs en vue du contrôle de la brucellose au sein de cette population pour viser l’extinction de l’enzootie de brucellose au sein de la population de bouquetins ; autorisant des captures, avec euthanasie des éventuels séropositifs dans les massifs de Sous Dine et des Aravis ; dans l’intérêt de la santé publique, pour prévenir les dommages à l’élevage et aux filières agricoles de montagne pour la période 2022-2030

Voir :
la note de présentation
le projet d’arrêté

ATTENTION, VOUS AVEZ JUSQU’AU 7 MARS 2022 INCLUS POUR ENVOYER VOTRE REPONSE : 

Les avis devront être réceptionnés avant la date de clôture. Après la clôture, une synthèse des observations reçues, les notifications de la décision et la décision seront mis en ligne pour une durée de 3 mois.

Voir ces informations sur le site de la Préfecture de Haute-Savoie.

Nous vous proposons un exemple d’argumentaire afin que vous puissiez vous en inspirer pour répondre à la consultation (sans copier-coller, sous peine que votre réponse ne soit pas prise en compte) :

La maladie est en voie d’extinction naturelle, avec seulement 4% de prévalence en zone coeur du massif, et presque 0% en zone périphérique. Il aurait donc été possible, en appliquant quelques mesures de biosécurité préconisées par l’ANSES, d’éviter cet abattage massif, qui s’ajoute aux quelques 480 bouquetins qui ont déjà été éliminés.

Les solutions visant à minimiser encore les voies de contamination des bovins, existent :
• Séparation réelle des lieux de pâturage entre animaux domestiques et sauvages,
• Contrôle de la divagation de chiens (par panneaux et mesures dissuasives), car ils constituent le vecteur probable de la maladie,
• Suppression des pierres à sel
• Relocalisation des pâturages

En effet, pour cette dernière mesure, ne pourrait-on pas faire l’effort, alors que l’extinction naturelle de la maladie est quasiment atteinte, de déplacer les troupeaux à risque vers d’autres lieux (https://revue-sesame-inrae.fr/apprendre-a-deshabiter/), d’autant plus que c’est presque l’ensemble du territoire de Haute-Savoie qui permet de satisfaire à l’appellation « Reblochon « ? Rappelons que l’éleveur victime de la Brucellose déplace déjà ses animaux de plus de 40 km pour venir pâturer sur le Bargy, et donc, pourquoi ne pas l’envisager ailleurs ?

De plus, la mission d’exécution de 170 individus en 2022, confiée à l’OFB, va encore plus désengager ses agents d’autres missions de terrain, déplaçant ainsi son rôle de surveillance, de protection voire de monitoring de la biodiversité vers le monde cynégétique. C’est déjà ce que nous observons dans le cadre de l’estimation des populations de loup.

Enfin, la non-vaccination des bovins est un principe, dicté en réalité par l’économie. Ce postulat mériterait d’être réexaminé ; en effet, les bovins étaient vaccinés autrefois. Vaut-il mieux ne pas protéger les bovins (par non-vaccination), afin de savoir les tester, plutôt que de les prémunir par vaccination de la Brucellose, sans alors savoir les tester ?

Les autres arguments, ce sont les experts scientifiques du CNPN qui nous les apportent dans leur avis du 27 janvier 2022 :
• Le nombre de 170 ne tient pas compte de la très faible prévalence de la maladie en zone périphérique.
• On va ainsi abattre entre 90 et 100% d’animaux sains.
• Les faibles moyens humains de l’OFB conduisent à une analyse insuffisante de l’état sanitaire des animaux tués, et ainsi on renonce à une bonne connaissance de la situation.
• L’augmentation annoncée dans l’arrêté préfectoral de la séroprévalence apparente en zone coeur entre 2020 et 2021, serait fausse.

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