Nos routes sont de véritables cimetières pour les animaux. Sans doute plus d’un million d’animaux sont victimes chaque année du passage de nos véhicules. À l’heure où l’on cherche à diminuer l’impact humain sur l’environnement, ce sujet, pourtant très important, est passé sous silence.
Cette situation profite aux chasseurs qui apparaissent, pour une partie du grand public, comme le seul recours capable de diminuer les collisions avec la grande faune.

Comparaison du nombre d’accidents corporels de la route et du nombre d’accidents avec la (grande) faune sauvage entre 1997 et 2017 (source : Sécurité routière 2009 FGAO, 2017, estimation pour la faune sauvage).

Les accidents de la route depuis 1972 sont en constante diminution à la suite d’une prise de conscience de la gravité de la situation et d’une batterie de mesures efficaces, quoiqu’impopulaires.
À l’inverse, les collisions entre véhicules et faune sauvage (essentiellement les ongulés sauvages : Sangliers, Chevreuils, Cerfs) n’ont pas cessé d’augmenter, avec 65 000 collisions avec la grande faune en 2009, même si on est frappé de constater qu’aucun chiffre n’existe depuis 2009¹. Le nombre d’animaux tués sur les routes de France n’est pas connu. Sans doute plus d’un million d’animaux sont victimes chaque année du passage de nos véhicules.

Un coût sans doute supérieur à 200 millions d’euros

La population de grands animaux augmente de manière notable en France depuis trente ans, en grande partie du fait d’une attitude irresponsable des chasseurs qui ont introduit une nouvelle espèce de Sangliers plus prolifiques (les « cochongliers »), produis d’une hybridation SanglierXcochon domestique et nourris abondamment pendant toute l’année (agrainage).
Dans le même temps, le territoire des animaux diminue et le trafic routier s’intensifie. Les automobilistes se considèrent comme victimes alors qu’ils sont co-responsables des accidents.
Les sangliers provoquent l’essentiel des 30 000 collisions automobiles avec un animal sauvage enregistrées chaque année en France. Un vrai problème pour le Fonds de garantie automobile, qui évalue ces “chocs” à 20 millions d’indemnisations annuelles. 

Les chasseurs, solution ou cause du problème ?

Dans cette inaction globale, les chasseurs apparaissent comme les seuls sauveurs capables d’apporter une solution simple à une crainte légitime ressentie par de très nombreux conducteurs, en particulier dans les territoires où la faune est la plus abondante. Ils deviennent ainsi investis d’une mission d’intérêt général qui justifie leur droit de tuer. Et comme aujourd’hui le nombre de sangliers est devenu très important, les voilà qui se plaignent et menacent de ne plus réguler !

La chasse, première cause de collisions avec les Sangliers

Collisions avec les Sangliers sur les routes nationales de l’Ouest de la France mois par mois (source : L. Billon)

Les analyses sur les collisions avec les Sangliers sur les routes nationales de l’Ouest de la France montrent une très forte augmentation lors de la période de chasse, de septembre à février³. Les animaux, dérangés, fuient par tous les moyens. Les collisions avec les Chevreuils ont lieu de mars à juin, lors de la dispersion des jeunes.

Et si nous proposions plutôt d’interdire la chasse, qui augmente le nombre de collisions avec les Sangliers, à l’approche de tous les lieux accidentogènes ?

 

Sources

(1) Le changement de mode de prise en charge des sinistres en 2007 explique la différence entre 1997 et 2009. Depuis 2009, le mode d’indemnisation des victimes ayant changé, il n’existe pas de statistiques.
(2) Vignon V., Barbarreau H., 2008, Office de génie écologique/ ONCFS. Collisions entre véhicules et ongulés sauvages : quel coût économique ? Une tentative d’évaluation
(3) L. Billon L., 2018 — Analyse spatiale de la répartition des collisions faune/véhicule relevées de 2014 à 2016 sur le réseau routier de la DIR Ouest, p18

 

 

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