Ils veulent vivre. Pensons aussi à eux à Noël
Noël évoque la chaleur, le partage, la bienveillance. Pourtant, chaque année, derrière les tables dressées et les traditions répétées, des millions d’animaux vivent cette période comme une épreuve de souffrance et de mort.
Derrière une tranche de foie gras, il n’y a pas un simple produit festif. Il y a un canard ou une oie, un être sensible, capable de ressentir la peur, la douleur, le stress. Un animal dont le corps a été contraint, forcé, rendu malade volontairement par le gavage, afin de produire un foie anormalement hypertrophié. Tout cela pour quelques instants de plaisir gustatif.
À la même période, la dinde devient l’emblème du repas de Noël. Pourtant, on oublie trop souvent qu’elle n’est pas un symbole, mais un individu. Élevées massivement, sélectionnées génétiquement, confinées, puis abattues dans l’indifférence générale, des millions de dindes paient de leur vie une tradition que l’on ne questionne presque plus.
Une cruauté devenue normale
Si ces pratiques perdurent, c’est aussi parce qu’elles sont devenues invisibles. Le foie gras est présenté comme un produit d’exception, la dinde comme un incontournable des fêtes. La souffrance, elle, est soigneusement tenue à distance.
Et pourtant, le système qui les produit est loin d’être stable ou vertueux.
En effet, de 2019 à 2023 la somme astronomique de 1,5 milliard a été dépensée pour lutter contre les crises de grippe aviaire qui ont impacté périodiquement les élevages de canards, poules et oies.
Un récent rapport de l’Observatoire des Subventions et Aides Agricoles (ObSAF) met en lumière une réalité troublante : la filière foie gras est maintenue artificiellement à flot par des aides publiques massives. Entre 2022 et 2025, près de 14 millions d’euros d’argent public ont été mobilisés en Nouvelle-Aquitaine pour soutenir cette production, dont une grande partie pour compenser des crises sanitaires à répétition, notamment liées à l’influenza aviaire.
Malgré ces financements, le modèle reste fragile. Les élevages sont de moins en moins nombreux, mais de plus en plus grands et intensifs. Cette concentration accroît les risques sanitaires, rend les animaux plus vulnérables et enferme les éleveurs dans un système dont ils dépendent économiquement.
Pire encore, ces subventions ne servent pas à transformer le modèle, mais à le prolonger : biosécurité renforcée, communication, promotion d’un produit reposant sur une pratique contestée… tout est mis en œuvre pour que rien ne change en profondeur.
Noël, reflet de nos valeurs
Noël est censé incarner l’amour, la compassion, le respect. Peut-on vraiment célébrer ces valeurs tout en fermant les yeux sur la souffrance qu’implique ce que nous mettons dans nos assiettes ?
La bonne nouvelle, c’est que nous avons le choix.
Aujourd’hui, il existe des alternatives végétales festives, créatives et savoureuses, qui permettent de se rassembler autour d’un repas sans exploiter ni tuer qui que ce soit. Des plats généreux, gourmands, porteurs de sens, qui prouvent qu’il est possible de se faire plaisir sans faire souffrir.
Choisir un Noël sans foie gras ni dinde, ce n’est pas renoncer à la fête.
C’est au contraire lui redonner toute sa cohérence.
Et si cette année, nous faisions autrement ?
En changeant nos habitudes, nous envoyons un message clair :
- que l’argent public doit servir la transition, pas l’acharnement sur des modèles dépassés
- que les traditions ne justifient pas la souffrance
- et que les animaux ne sont pas des marchandises.
Crédit photo foie gras : L214


