Une délégation d’associations de protection des animaux (Animal Cross, Aspas, FNE, Ferus, SFEPM, Spa, WWF) a été invitée à discuter avec Mme la ministre Delphine Batho du développement du loup en France le jeudi 10 janvier.
Ce rendez-vous fait suite à une lettre envoyée à la ministre dans laquelle les associations se plaignaient d’être les dernières entendues sur ce sujet, après les éleveurs et les chasseurs, en vue du nouveau Plan national loup et de propositions de loi scandaleuses pour diminuer le statut de protection du loup.
Les associations ont voulu faire comprendre que la cohabitation du pastoralisme et du loup était possible pour autant qu’il y ait une protection effective des troupeaux de moutons…

Or, le niveau de protection est extrêmement variable. Animal Cross a porté à la connaissance du ministre une cinquantaine de relevé sur le terrain en 2012 menés par nos enquêteurs, à l’endroit même où se concentrent les attaques des loups, près de la zone de peuplement permanent des Bornes en Haute-Savoie. La conclusion est que, dans aucun cas, la protection des troupeaux n’est suffisante. Les plus grands troupeaux bénéficient d’un début de protection sans protection forte (nombre de chiens de protection en rapport avec la taille des troupeaux, hauteur des grillages, électrification, berger), avec même un troupeau à la Pointe de Sosay absolument pas protégé. Les troupeaux de moins de 400 têtes ne bénéficient d’aucune protection. Les moutons sont un véritable garde-manger, facile et disponible pour les loups !

Les associations ont critiqué aussi l’instrumentalisation du loup à des fins de politiques électoralistes par les parlementaires et l’extension des droits de tir dans des zones débordant de très loin les zones d’attaque « un quart du département de la vallée du Tinée et de la Vésubie»
La ministre a expliqué qu’elle a cherché à « techniciser le débat » depuis son arrivée en fonction, en différenciant les zones et l’état de développement et d’attaques dans ces endroits. « Tenir compte de la situation locale », « discuter les conditions de la coexistence », « amener à un discours de responsabilité », « objectif de biodiversité », « engagements internationaux » ont été ses mots. Dans les débats avec les éleveurs, elle a l’impression d’entendre des arguments plus raisonnables que dans les médias. Entre les lignes, on comprend aussi que des facilités de tir seront données dans certains endroits concentrant un grand nombre d’attaques attribuées au loup (ex vallée Tinée-Vésubie), mais rien de précis n’a été annoncé.

La vraie inquiétude des associations porte sur deux points :
• Le nouveau plan national loup 2013-2018 sera présenté le 5 février. Aucune association ne l’a vu. Il semble que les associations auront accès au texte avant sa publication, mais la grande crainte est que tout soit déjà fixé. Au moment où nous discutions avec la ministre, le projet était présenté à des éleveurs en Isère…

• Fin janvier, au sénat sera discutée une proposition de loi prévoyant l’exclusion du loup de certaines zones (ex les Cévennes). La ministre nous a fait part de son opposition à cette initiative parlementaire « anti communautaire et pas facile à appliquer », mais nous n’avons pas entendu de volonté du gouvernement de l’empêcher. Il faudra se mettre en contact avec vos sénateurs dans les jours qui viennent pour empêcher ce texte d’aboutir. Animal Cross vous proposera un plan d’action

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