Lors du procès de l’abattoir de Mauléon, on va pleurer sur les effets sans s’émouvoir des causes. Derrière le cas particulier, très grave, de l’abattoir de Mauléon, regardons la situation générale. La lecture du dossier pénal (Animal Cross est partie civile) ne fait que confirmer ce que dénoncent les associations depuis longtemps : un système laxiste où règne l’impunité.

Les agents de la DDPP (services vétérinaires de l’Etat chargés du contrôle des abattoirs), à travers une technicienne et une vétérinaire étaient au courant d’une partie des faits, qui s’étaient déjà produits. Mais dans certains cas la hiérarchie de la DDPP a stoppé la procédure, dans d’autres la direction de l’abattoir n’a pas tenu compte des remarques. De toute évidence, la DDPP semble s’accommoder de cette situation. De plus, on découvre que le jeu de pouvoir n’est pas à l’avantage des agents de l’Etat, et que le directeur d’un abattoir, soutenu par le maire et le Président de la communauté de communes, propriétaire de l’abattoir, a plus de poids que les agents de l’Etat.
En outre, le responsable « qualité/bien-être animal » ne dispose d’aucun pouvoir non plus. Rappelons que les responsables politiques l’ont pourtant mis souvent en avant comme rempart avancé du bien-être animal dans les abattoirs. Les remarques qu’il peut faire ne sont suivies d’aucun effet, il n’est pas soutenu par le directeur.

Le refus des parlementaires d’installer des vidéos dans les abattoirs permet de maintenir le voile sur sur des pratiques inavouables.

Voici le détail :
Concernant l’usage de l’aiguillon (les animaux reçoivent des décharges électriques pour les forcer à avancer vers le poste d’abattage), la technicienne de la DDPP et le responsable qualité étaient au courant. Rappelons que l’utilisation disproportionnée de l’aiguillon électrique est une infraction.
Concernant la non-conformité des installations, un courrier de la DDPP après les vidéos en fait la liste. Difficile de penser que les agents de la DDPP qui sont là très fréquemment n’auraient pas été capables d’établir cette liste avant les faits incriminés. A ce sujet, fin 2015, le solde comptable de l’année 2015 et des exercices précédents était positif à +620 000 €, ce qui laissait à l’abattoir de quoi être aux normes.
Concernant la non immobilisation des bovins en vue de l’abattage (l’opérateur peut s’y reprendre à plusieurs fois pour étourdir des animaux non immobilisés), le responsable qualité déclare avoir déjà fait des remarques à l’opérateur sur ce sujet.
Concernant la non-conformité sur la saignée des bovins, la vétérinaire et la technicienne de la DDPP confirment qu’elles étaient anciennes et institutionnalisées. Visiblement le directeur de l’abattoir était hostile à une modification des pratiques.
Concernant la non-conformité des pinces pour étourdir les ovins (les moutons ne sont pas correctement étourdis, d’où l’usage de méthodes alternatives pour les étourdir comme les coups sur la tête) le responsable qualité était au courant mais n’avait pas pris de mesures correctrices. La vétérinaire avait signalé que des ovins étaient anesthésiés
sans contention et que la pince à anesthésier était mal appliquée.
Concernant le mauvais étourdissement des animaux, le responsable qualité comme la vétérinaire savait que certains animaux étaient mal étourdis lorsqu’ils étaient suspendus ou saignés. La vétérinaire indique l’avoir déjà dénoncé auprès du directeur qui a banalisé les faits.

 

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