Chaque année à la fête de Saint-Hubert, des chiens et chevaux de chasse à courre sont bénis lors de cérémonies en plein air avec force cors et trompettes, afin d’être placés sous la protection du saint patron des chasseurs (mais aussi celui des bûcherons, des forestiers et des tanneurs).

A l’approche de ces évènements, plus du domaine du folklore cynégétique français et belge que de la religion, rappelons la genèse de cette tradition.

Saint-Hubert, c’est l’histoire d’un seigneur de l’actuelle Belgique, issu de l’aristocratie (fils du Duc d’Aquitaine), auquel la providence a fait une sacrée surprise. Né vers 656, son rang l’a amené à vivre de façon libre et mondaine, se souciant fort peu de la religion. Il partageait tout son temps entre les études et la chasse, surtout la chasse, et avait un intérêt prononcé pour les damoiselles.

Un Vendredi Saint, il partit donc seul à la chasse comme bien souvent, en forêt d’Andage (Ardennes actuelles), et aperçut rapidement un immense cerf blanc, qu’il prit en chasse en dépit du brouillard environnant. Après plusieurs heures de traque, le cerf ne montrait aucune fatigue alors qu’Hubert, pas encore canonisé, était fourbu. La légende veut que le cerf s’arrêta brutalement, et qu’Hubert vit entre ses cornes une croix étincelante, et entendit une voix l’invitant ainsi :”Hubert! Hubert! Jusqu’à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts ? Jusqu’à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton âme ?”. Il s’ensuivit une totale conversion, et notre Hubert décida de renoncer à ses biens et privilèges, de se consacrer à la religion, et il devint par la suite évêque de Maastricht.

Hubert a su interpréter, puis vivre pleinement sa vision.

Mais alors, quel rapport y a-t-il entre cet homme et les chasseurs ?

  • Entre St Hubert et les pratiques de chasse traditionnelles, toutes aussi barbares les unes que les autres: aucun rapport,
  • Entre St Hubert et le déterrage cruel des blaireaux : aucun,
  • Entre St Hubert et la persécution de 89 espèces d’animaux en France : aucun,
  • Entre St Hubert et la cruauté de la chasse à courre envers le cerf, les chiens et les chevaux : aucun,
  • Entre St Hubert et le besoin de faire souffrir la faune sauvage : toujours aucun …

L’utilisation par les chasseurs de la légende de Saint-Hubert est bien celle d’un détournement. Ce détournement augurait de ce qu’allait devenir la propagande cynégétique, qui travestit totalement la réalité de la chasse à l’aide de clips vidéo dont toute arme et toute violence sont désormais bannis. Ils constituent le moyen d’idéaliser une pratique sanguinaire.

Mais si l’on doit voir quelque chose de positif dans le rendez-vous annuel avec Saint-Hubert que se sont imposés à eux-mêmes les autoproclamés « premiers écologistes de France », c’est bien la possibilité offerte à chacun d’entre eux d’être interpellé par la légende de leur saint patron ; c’est bien l’invitation de chacun à parcourir un chemin de Damas cynégétique, et à possiblement voir leur conscience percutée par la transformation de Saint-Hubert.

Cette stimulation de l’esprit des chasseurs contribue-t-elle à la baisse inexorable de leurs effectifs ? Nous ne le saurons jamais.

Saint Hubert était réputé guérisseur de la rage, souhaitons qu’ainsi il le soit aussi de celle de tuer.

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