Quel besoin avez-vous, messieurs les grands veneurs, de poursuivre, traquer et finalement sacrifier ce magnifique animal qu’est le Cerf ? Son allure majestueuse, sa démarche gracieuse et presque irréelle, le port royal de sa tête, qui plus est couronnée, le mystère de son intelligence vous sont-ils tellement insupportables ?

Votre quête barbare vise-t-elle à vous approprier sa force, sa vitalité, une dimension inconnue de cet être libre qui vous est intolérable ? Finalement, ce rituel sacrificiel n’est-il pas la répétition immémoriale d’un acte originel où l’homme a tenté de percer le mystère de l’animal-roi ?
Vous vous grimez en aristocrates, vous n’êtes que des barbares avides de sang.
Vous suivez un rituel qui cache mal la bassesse et la perversité de vos instincts.
Vous vous imaginez pleins de mansuétude, laissant sa chance à la bête, mais votre foule de vilains fait obstacle à toute possibilité de fuite.
Vous vous rêvez seigneurs et n’êtes que les laquais de votre concupiscence.
Vous pensez vous hisser dans l’ambiance du marquis local, mais n’êtes toujours pas accueillis à sa table !
Roturiers se rêvant chatelains, ni vos courses sanglantes ni votre flagornerie ne changeront votre condition. Vous vous travestissez en Jacquard, nous ne voyons en vous que des Jacquouille.
La beauté de vos costumes, le son du cor, le mouvement de la meute ne masqueront jamais l’horreur de vos actes, ni la souffrance infligée à l’animal. Vos pompes sont votre honte. Tristes régicides, vous ne savez reconnaître votre Roi.
Votre vocabulaire guerrier, dont la maîtrise vaut assujettissement à votre caste de dégénérés, masque mal l’horreur de votre « art » funeste.

Vous dites aimer la Nature, vous ne faites que la souiller avec vos dizaines de suiveurs et vos engins pétaradant en forêt.
Les nombreux films de vos détracteurs ne laissent pas de place au doute : vos jeux mortels sont indignes et répugnants.
Vous dites aimer vos chevaux, souvent trotteurs réformés, vous n’hésitez pas à les faire galoper jusqu’à l’épuisement, allant jusqu’à en user plusieurs au cours d’une même partie de chasse. Vos joutes sont leurs jeux du cirque ; l’abattoir est souvent au bout du chemin.
Vous dites aimer vos chiens, prétendez leur vouer un « amour infini », vous les utilisez comme des outils, les chargeant sans ménagement en fin de partie, n’hésitant pas à les sacrifier sur le théâtre des opérations lorsqu’ils ne sont plus assez efficaces. Vous leur faites souvent une vie de misère le reste de l’année, les embastillant dans des cages misérables.
Votre rhétorique serait risible si elle ne tentait pas de masquer la réalité de vos loisirs cruels.

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