Début mai L’Organisation mondiale de la santé vient de publier un rapport portant sur l’antibiorésistance à l’échelle mondiale. Le constat est alarmant. « Les bactéries résistantes aux antibiotiques représentent une grave menace qui n’est plus une prévision, mais bien une réalité », s’inquiète l’OMS. Et désormais toutes les régions du monde sont concernées. Même la France ! Le rapport de l’OMS, qui collige les données provenant de 114 pays, s’est penché sur sept bactéries responsables de maladies graves courantes (septicémie, diarrhée, pneumonie, infection urinaire et gonorrhée). Il montre que les résistances – et notamment celles aux antibiotiques de derniers recours – se sont propagées dans toutes les régions du monde. Conséquence de cette hausse des résistances : les patients sont malades plus longtemps et le risque de décès augmente.Pour l’OMS, l’usage inapproprié des antibiotiques est une des principales causes de résistance : dans les pays pauvres, les doses administrées sont trop faibles et dans les pays riches, leur utilisation est au contraire excessive. L’OMS dénonce aussi le manque de surveillance de l’usage des antibiotiques chez les animaux destinés à la consommation.

Nous rappelons que l’usage des antibiotiques en santé animale, en particulier en préventif, est étroitement lié à l’élevage intensif. La concentration extrême d’animaux rend nécessaire de les protéger à l’avance par des antibiotiques. Les consommateurs de ces produits n’ont plus alors qu’à se prendre une bonne dose d’antibiotiques ! Ce qui développera leur antibiorésistance.

L’Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (ANSES), elle, a publié la semaine dernière un rapport intitulé « Évaluation des risques d’émergence d’antibiorésistances liées aux modes d’utilisation des antibiotiques dans le domaine de la santé animale ». L’agence préconise l’arrêt des prescriptions préventives car, souligne-t-elle, « le risque d’induire de la résistance chez les bactéries des flores commensales est présent chez tous les animaux traités, alors que le bénéfice thérapeutique est dépendant de l’élimination effective de la bactérie pathogène dont la présence n’est que suspectée ».

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