A vous tous, désormais inscrits sur les monuments aux morts de nos communes.
A toi Henri, Philippe, Alain, Jean Pierre, Maurice, Léon et tous les autres, nous ne cesserons jamais de vous rendre hommage, à chacun de vous, morts pour la France. Morts pour avoir défendu votre pays, notre pays, morts pour nous permettre de vivre aujourd’hui, dans la paix.
Nous ne cesserons jamais de vous remercier pour votre sacrifice.

Nous ne vous oublierons jamais.

N’oublions pas non plus nos fidèles compagnons qui sont, eux aussi, morts pour la France, morts pour nous, morts pour notre paix.

A toi mon fidèle Poppy, un bâtard aux yeux clairs aux moustaches grisonnantes qui s’étiraient de chaque côté de ta truffe noire. Jamais aucun autre chien ne m’a regardé avec autant d’amour, dans n’importe quelle circonstance. Tu étais près de moi lorsque la pluie tombait, lorsque les obus pleuvaient et que les mitrailleuses crachaient. Ta famille t’avait amené au bureau militaire par un beau matin de printemps, pour « l’effort de guerre » disaient ils… Tu les as regardé partir, sans se retourner, avant de devenir un combattant téméraire, à nos côtés dans l’enfer de la guerre. Tu as été exemplaire pendant les longues journées de dressages pour faire de toi un chien de combat. Adieu les longues soirées d’hiver au coin du feu, désormais, tu partageais notre quotidien dans la boue et le sang, sans râler ni te plaindre, toujours présent auprès de nous pour nous réconforter et nous soutenir. Un seul regard et tu nous redonnais l’espoir. Une fois, tu avais retrouvé ce pauvre Albert, enseveli sous la boue après un bombardement. Encore un peu et on ne l’aurait jamais retrouvé vivant.
Par un matin d’été, tu es parti porter un message de l’autre côté de la tranchée et tu n’es jamais revenu. Lorsque les bombes et les mitrailleuses se sont tues, nous t’avons ramené au camp et enterré dignement, aux côtés de tes compagnons d’armes.
Tu reposes désormais auprès des 100.000 autres chiens morts pour la France.

A toi mon fier Sultan, un percheron fort et robuste aux couleurs claires.
Tu es arrivé un froid matin d’hiver, réquisitionné dans une ferme où tu travaillais pour une famille de paysans. Habitué à travailler la terre et tirer de lourdes charges, nous t’avons mis d’office à tirer les lourds canons jusqu’au front, dans la boue et le froid. Au milieu des mules, des ânes et des chevaux de courses, tu étais le plus dur à la tâche, le plus solide et le plus endurant. Ton courage et ta témérité n’ont pas réussi à te libérer de cet enfer. Les charges étaient lourdes, le chemin long et douloureux. Tu es mort d’épuisement 15 jours avant la fin de la Guerre, près de Verdun.
Tu reposes désormais auprès des 700.000 autres chevaux, ânes et mules morts pour la France.

A toi ma belle Sibylle, une jeune pigeon voyageur gris clair avec deux tâches blanches sous tes grands yeux ronds. Je t’ai vu naître, grandir et t’ai dressé dans le but de porter des messages. Au début, c’était un jeu avec mes cousins dans le village voisin. Nos correspondances étaient futiles et sans importances, juste pour entraîner nos fiers volatiles pour le concours du meilleur pigeon du département. Mais la guerre est arrivée. Les messages que tu transportais désormais avaient une grande valeur. A chaque vol tu risquais ta vie. Mais malgré les attaques incessantes, les messages arrivaient et repartaient sans embûches, jusqu’au jour où une balle ennemie t’a empêché de remplir ta mission.
Tu reposes désormais auprès des 200.000 autres pigeons morts pour la France.

A vous tous nos frères d’armes, qui avez partagé notre sort dans ces deux conflits, nous vous remercions pour votre sacrifice et vous rendons hommages, fiers soldats de la France.

Merci à Anne Couturier pour son sublime texte.

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