En réponse à la consultation publique du ministère de l’écologie sur les animaux dits nuisibles, Animal Cross demande que des alternatives à la destruction des animaux soient envisagées systématiquement.

Monsieur,

Par bien des points le projet d’arrêté concernant la destruction de nombreuses espèces autochtones mis en consultation publique le 9 juillet nous semble inacceptable. Voici quelques points que nous vous soumettons. Notre association ne comprend pas pourquoi il n’est pas possible d’aller placer ailleurs les animaux piégés, c’est-à-dire de les déplacer dans un lieu qui ne porte pas atteinte aux intérêts selon les cas de l’agriculture, la santé publique, de la faune, de la flore, etc.
Par exemple, le texte propose de limiter le piégeage des mustélidés dans les 250 mètres autour des bâtiments. Ce texte représente une réelle avancée par rapport à la situation actuelle car il limite la notion de « nuisible » à un lieu relativement circonscrit. Mais on ne peut que se demander pourquoi ces animaux ne sont pas ensuite déplacés dans un endroit où ils ne représentent pas de « risques » et où, le texte proposé le souligne lui-même indirectement, ils ne sont pas nuisibles.

Globalement la recherche d’alternatives satisfaisantes et non violentes à l’élimination des animaux dits nuisibles doit être systématique et rappelée par la loi. Ce principe est déjà prévu, en vertu de la directive oiseaux et de la directive habitats pour la destruction des oiseaux, de la martre et du putois. Dans ces cas, la destruction n’est autorisée que si aucune autre solution satisfaisante n’existe. Nous remarquons que non seulement ce principe n’est pas retranscrit dans le projet d’arrêté qui nous est soumis pour ces espèces, mais que par ailleurs, il nous parait fondamental de poser ce principe pour toutes les autres espèces d’animaux considérés comme « nuisibles ».

Par ailleurs, si notre proposition de transporter les animaux piégés n’est pas retenue, ce qui est probable malheureusement, nous demandons beaucoup plus d’attention à la méthode d’abattage des animaux piégés. De même que notre association lutte pour que l’abattage des animaux dans les abattoirs limite leur souffrance, et dénonce ainsi l’abattage rituel, il nous semble qu’il faudrait être beaucoup plus précis sur les méthodes d’abattage des animaux une fois piégés. Le principe retenu est d’utiliser la méthode qui limite le plus la souffrance des animaux. Espèce par espèce, cette méthode doit être décrite. On ne peut pas laisser ce choix à la discrétion des piégeurs et leur possible cruauté.

Considérer le renard comme « nuisible » en tout point du territoire et tout département français est tout simplement ridicule. Cette classification relève de la tradition de chasse, de louveterie et de la pression des éleveurs plus que d’une réflexion sur la manière de limiter l’impact du renard sur les activités humaines. Des données scientifiques démontrent l’utilité des prédateurs comme le renard sur la régulation des populations de campagnols et lapins.

Les renards constituent un allié pour les agriculteurs dans la lutte contre la pullulation de ces espèces qui causent des dommages importants aux cultures. Pourquoi ne pas créer ainsi des zones où le renard ne serait pas nuisible, ces zones étant définies par la forte présence des espèces prédatées par le renard et des destructions qu’elles commettent ?

Le classement de la martre correspond aux zones à tétras. Les tétras sont bien plus menacés par les différentes activités qui portent atteintes à leur milieu de vie que par les martres. Le projet d’actions de l’Etat français soumis à la discussion en juillet 2011 montre bien toute la complexité du sujet qui ne saurait se résumer à la présence de la martre. C’est tout le milieu de vie des grands tétras qui est bouleversé. En 50 ans, 90% des grands tétras ont disparu en France. Cette rareté confère au Grand tétras le statut d’espèce menacée (classé Vulnérable sur la liste rouge de l’UICN) et même en danger d’extinction pour une sous-espèce particulière présente dans les Vosges. Juste pour donner un exemple simple, la création d’une piste de ski de fond au plateau de Beille dans les Pyrénées a vu s’effondrer de 130 à 60 l’effectif hivernal en 6 ans (source : consultation sur les mesures de protection proposées pour le Grand Tétras, Ministère de l’environnement, 2011).

Enfin, le terme global d’animal « nuisible » nous semble insupportable. Il ne s’agit pas ici d’une sensiblerie déplacée par rapport aux animaux et nous reconnaissons aisément le fait que le débat va au-delà des espèces dont il est l’objet dans cet arrêté. Mais ce terme reste totalement anthropocentrique. Pour le moins l’appellation de ces animaux devrait le noter.

Ainsi il faudrait les nommer les animaux « considérés comme nuisibles à la société et à l’activité humaines ». Notre société s’abaisse quand elle travestit les mots et nous ne rendons pas service aux jeunes générations quand nous nous prêtons à ce jeu de tromperie.

En revanche, la sortie de la belette et du putois de la liste des nuisibles de tous les départements français est une avancée et nous nous en réjouissons. A contrario, cela montre tout le relativisme de cette liste des animaux dits nuisibles puisque pendant des années on a voulu nous convaincre du côté néfaste de la belette et du putois.

En vous remerciant de l’attention que vous porterez à ces commentaires, nous vous prions d’agréer, l’expression de nos salutations distinguées,