Chasse : halte aux abus !
Les chasseurs s’enorgueillissent de réguler la faune. Mais parmi les 30 millions d’animaux chassés par an, une minorité trouve sa justification dans cette régulation.
Un tableau de chasse de plus de 30 millions de morts par an
La dernière enquête nationale publiée par l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) en 1999 fait état de 30 millions d’animaux tués au fusil. A quoi il faudrait ajouter les animaux morts par piégeage, morts des blessures de la chasse et les animaux dits nuisibles.
Animaux chassés (saison 1998-1999)
• le pigeon ramier 5 169 000,
• les faisans 5 061 054,
• les grives 4 537 960,
• les lapins de garenne 3 209 210 ,
• la perdrix rouge 1 731 693,
• la perdrix grise 1,5 million,
• le canard colvert 1 561 150,
• la bécasse 1.168.290.
• etc.
Total 30 millions (source ONCFS)
Grands animaux chassés 2005 (hors parc et enclos)
• 41 500 cerfs
• 505 000 chevreuils
• 447 000 sangliers
Source ONCFS
L’idée de régulation de la faune ne s’applique qu’à quelques cas. Dans les autres cas, il faut parler d’une destruction de la faune
L’idée de régulation de la faune par les chasseurs est bien ancrée puisqu’elle est inscrite dans le Code de l’environnement. Selon l’article L.420-1 de ce code portant sur la gestion durable du patrimoine faunique et de ses habitats: « la pratique de la chasse, activité à caractère environnemental, culturel, social et économique, participe à cette gestion et contribue à l’équilibre entre le gibier, les milieux et les activités humaines en assurant un véritable équilibre agro-sylvo-cynégétique »
Le « petit gibier », essentiellement issu des animaux introduits par les chasseurs
Selon les estimations, environ 75% du petit gibier tué (hors animaux dit nuisibles) fait suite à une réintroduction, c’est-à-dire qu’il a été élevé puis lâché dans la nature. Ces lâchers sont le plus souvent des échecs (estimation de 30% de réussite) car les animaux ne sont pas habitués à la vie sauvage. Qui plus est, ils créent des problèmes sanitaires en introduisant des maladies. Par exemple entre 1984 et 1998, date du précédent recensement, le nombre de cailles des blés a chuté quasiment de moitié pour atteindre 340 000 par an. L’explication donnée par l’ONCFS est le déclin des effectifs nicheurs lié à l’intensification de l’agriculture et à la pollution génétique engendrée par des lâchers d’élevage incontrôlés.
Dans ces cas, on ne comprend pas où se situe « la gestion durable du patrimoine faunique » (voir ci-dessus).
Les grands animaux (cerfs, renards…) possèdent un processus de régulation.
En cas de surpopulation, le taux de naissances diminue.
Actuellement, leur nombre a tendance a augmenter. Le nombre de cerfs abattus est passé de 10 000 à 40 000, de chevreuils de 100 000 à 505 000, de sangliers de 90 000 à 447 000 sur ces 20 dernières années (source ONCFS).
Parmi ces animaux, les dégâts causés à l’agriculture sont dues presque intégralement aux sangliers et auxcervidés.
Le cas des animaux dit nuisibles est à part et mérite une attention spécifique. Les petits rongeurs, comme les ragondins, présentent un risque de prolifération. Mais leurs prédateurs naturels peuvent empêcher ou diminuer les surpopulations.
Limiter le droit de chasse au cas où il existe un surpeuplement et préférer les méthodes alternatives
Animal Cross milite pour limiter le droit de chasse au cas où il existe un surpeuplement des animaux, et ce dans des conditions très strictes :
• après que toutes les autres méthodes aient été tentées,
• si le surpeuplement pose en problème avéré pour les hommes (ex. sécurité des routes, transmission de maladie ou zoonose), les animaux eux-mêmes (comportements anormaux) ou la végétation (ex : dégâts sur les récoltes, dégâts aux forêts).
Parmi les méthodes « douces » alternatives à la chasse on compte, par exemple,
• la capture d’animaux dans les zones en surnombre (par exemple les parcs clos dont beaucoup sous l’autorité de l’Office National des Forêts) et la réintroduction dans les zones en sous-nombre,
• le développement des prédateurs naturels (les belettes pour les petits rongeurs),
• la stérilisation des femelles des grands animaux et des œufs (déjà faits par exemple pour les goélands).
Une vigilance et une dextérité qui doivent être contrôlées
La mise en place du permis de chasse en 1976 puis l’ajout d’une épreuve pratique à la partie théorique en 2000 ont permis d’améliorer la validation des aptitudes des chasseurs au moment du passage du permis.
Hors, cette aptitude n’est pas forcément constante dans le temps. Le nombre d’accidents de chasse, même s’il est minime au regard du nombre de chasseurs, témoigne de cette difficulté.
Par ailleurs, chasser en état d’ébriété représente un risque pour le chasseur comme pour les autres chasseurs et les usagers de la nature. L’état d’ébriété est répréhensible pour un conducteur d’un véhicule : pourquoi ne le serait-il pas aussi pour un chasseur ?
Animal Cross demande à ce que soient validées régulièrement les aptitudes des chasseurs (vue, réflexes, prises de médicaments…) au cours de la vie du chasseur avec un contrôle des aptitudes tous les 10 ans
Animal Cross demande que la chasse en l’état d’ébriété soit considérée comme un délit. Un test d’alcoolémie systématique serait pratiqué en cas d’accident ainsi que des contrôles préventifs auprès des chasseurs.
Un pictogramme sur les boîtes de médicament provoquant des somnolences devrait aussi attirer l’attention sur les dangers pour les chasseurs.
L’obligation morale de rechercher les animaux blessés
Nous reprenons à notre compte une phrase de l’Union Nationale pour l’Utilisation de Chien de Rouge (UNUCR :« La recherche au sang des animaux blessés est l’une des obligations morales qui s’imposent au chasseur de grand gibier. Il n’est plus admissible que des animaux blessés agonisent longuement sans que des moyens sérieux et adaptés ne soient mis en œuvre pour les retrouver. Parfois certains se rétablissent, mais au prix de quelles souffrances, et avec quelles insoutenables séquelles ? »
Pour nous cette obligation devrait s’étendre aussi à tous les autres animaux blessés par les chasseurs. Le « petit gibier », faisans, perdreau, lapins etc. est particulièrement concerné car il est tué avec des plombs qui blessent plus que les balles utilisées pour les grands animaux.
Les chasseurs qui se targuent de mettre en avant la « tradition » et le contact avec la nature pourraient ici prouver qu’ils ont une sensibilité pour les animaux.
Animal Cross demande que les chasseurs s’obligent à faire une recherche des animaux blessés pendant la chasse, tout de suite après le coup de feu. Cette obligation devrait faire partie d’un code d’honneur des chasseurs.
Les non-chasseurs, particuliers chez eux ou promeneurs dans la nature, ne doivent pas subir les conséquences de la chasse.
Depuis 2003, il n’existe plus de jour sans chasse. Pendant l’ouverture de la chasse, il est fréquent que les promeneurs doivent changer de route pour s’éloigner des chasseurs.
Par ailleurs, les arrêtés préfectoraux d’ouverture de la chasse se contentent de prévoir l’interdiction de tir vers les maisons et voies de circulation. Rien n’empêche de chasser à proximité du domicile des particuliers.
Nous soutenons le projet de nombreuses associations de créer un périmètre de sécurité autour des maisons (comme avant 1982) de 350 mètres autour des habitations (et lieux de vie) et de 150 mètres autour des voies de circulation (voir proposition de la Ligue ROC )
Nous soutenons aussi l’effort des associations de supprimer la chasse le dimanche.
Arrêter la chasse : un bon moyen de faire des économies en temps de crise
Le budget chasse se monte à 1600 €, dont 630 € pour la licence de chasse, l’achat de l’arme et des vêtements.
Les chasseurs appartenant de manière prédominante aux ouvriers, employés et agriculteurs, particulièrement affectée par la crise, l’arrêt de la chasse leur permettrait de réaliser des économies bienvenues (enquête CSA 2006)
Selon ce mêm sondage : les attentes principales des chasseurs sont d’être en contact avec la nature, puis la convivialité, la participation à la gestion de la faune et la complicité avec leur animal.
Animal Cross est convaincu que d’autres activités peuvent satisfaire le goût des chasseurs pour la nature et la convivialité. Par exemple, la photo animalière, l’entretien des bois, forêts et chemins, la plantation de nouveaux arbres, l’exploration pédagogique de la nature avec les enfants etc.