Un sanglier, fou de terreur, pourchassé à une allure folle par une meute de chiens … Les chiens parviennent à l’encercler : ils le précipitent au sol, le mordent. Dans un acte de bravoure et de désespoir, le sanglier se relève, les chiens le poursuivent.

Source: Clement Bordas

Mais où sommes-nous ? Dans un parc de chasse (parc cynégétique ou enclos), lieu clôturé, de quelques hectares. Cette scène, si l’animal ne meurt pas, se répète plusieurs fois par semaine, même en dehors de la saison de chasse. L’animal poursuivi (sanglier, chevreuil, lièvre …) n’est pas tué, en principe, mais sert à l’entrainement des chiens. Est-ce exceptionnel en France ? Non, c’est courant.

Des animaux traqués en permanence, sans aucune chance de s’en sortir

Dans ces parcs, des sangliers, des lièvres généralement, et quelques fois des chevreuils, sont lâchés pour la saison pour servir d’entraînement pour les chiens, jeunes chiens à débourrer ou chiens confirmés en manque d’exercice. Le chasseur vient pour la demi-journée ou la journée.

Les entraînements sont synonymes de peur et de souffrance pour les animaux sauvages « utilisés ». Le bruit de la meute de chiens approchant est terriblement stressant. Traqués continuellement, ils subissent la terreur.  Prisonniers dans la clôture, ils ne peuvent jamais s’échapper, alors que cela reste possible à la chasse hors d’un enclos.

Une activité possible presque toute l’année

Dans les enclos, l’activité est possible toute l’année.

Comme il ne s’agit pas d’un acte de chasse, au sens de l’article L420-3 du Code de l’environnement, l’entraînement des chiens n’est globalement pas soumis aux dates d’ouverture et de fermeture de la chasse.

Des animaux sauvages sans protection légale

Les animaux, même à l’intérieur de la clôture, ont le statut d’animaux sauvages,  et non d’animaux sauvages tenus en captivité. Or il n’existe pas de texte réprimant la cruauté ou la maltraitance sur les animaux sauvages.

Pour qu’ils soient reconnus animaux sauvages tenus en captivités, il serait nécessaire que des circonstances particulières soient réunies qui rapprochent les animaux sauvages des animaux tenus en captivité : animaux nourris, soignés, dans une densité supérieure à plus d’un sanglier par ha.

Plus d’une centaine de parcs en France, une pratique peu connue mais courante

Photo françoise Riffet

Ces parcs sont nombreux, sans doute plus d’une centaine en France.

Des concours de chiens de meute sont organisés. Ainsi  à Lucenay-Levêque en 2016, près de Beaune, un concours de meute de chiens est organisé dans un espace de 80 ha. Pendant toute une journée les sangliers endurent les attaques répétées de toutes les meutes.

Dans le parc du Roybon de 20 ha dans l’Isère, on peut, selon le site, « voir traverser les chiens et lièvres ».  Il est probable que les lièvres n’ont pas de quoi se terrer, ce qui en fait des proies faciles.

Le parc Nature Event’s, à 30 minutes de Clermont-Ferrand, propose l’entraînement jusqu’à 15 chiens, pour 10 €/chien. Il précise que « tout gibier pris ou blessé par les chiens sera facturé ». On comprend bien qu’il arrive que les animaux se fassent dépecer vivants.

Entre  Montauban et Cahors le parc du Raussas garantit des « lièvres purement sauvages » – ce qui sous-entend que ce n’est pas le cas ailleurs, et  « une population de lièvres rusés et chevronnés, fins connaisseurs du terrain, qui feront donner à votre meute le meilleur d’elle-même ». A croire que cela amuse les lièvres de jouer à cache-cache. Bugs Bunny est-il de retour ?

Notre demande

  • la suppression de tout entrainement des chiens de chasse sur les animaux sauvages,  dans les parcs de chasse ou enclos.
  • la reconnaissance du statut d’animaux sauvages tenus en captivité pour les animaux sauvages dans les parcs de chasse et enclos si la densité de grand ongulé est inférieure à 1 animal pour 5 km2. De facto si la densité est trop forte, au-delà du seuil fixé, la chasse sera alors considérée comme un acte de maltraitance. La reconnaissance de ce statut interdit la chasse dans la plupart des espaces clos.

A SAVOIR : Qu’est-ce qu’un enclos ou un parc de chasse ?

Les enclos de chasseII s’agit d’un terrain attenant à une habitation et entouré d’une clôture continue et constante, faisant obstacle à toute communication avec les héritages voisins et empêchant complètement le passage du gibier et de l’homme.
Il est possible de chasser toute l’année sur un enclos de chasse.
Les parcs de chasseSi un parc de chasse n’est pas considéré comme un enclos de chasse, c’est parce qu’il lui manque une des caractéristiques de l’enclos citées plus haut. Un parc de chasse peut donc être entièrement clôturé.
Les parcs de chasse sont soumis aux réglementations relatives à la chasse et donc aux saisons de chasse.

 

Pour en savoir plus

http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/file/juridique_synthese/question_juridique_entrainement_chien_concours_chasse.pdf

http://www.oncfs.gouv.fr/Fiches-juridiques-chasse-ru377/La-chasse-en-enclos-ar1109

https://www.faccc.fr/?p=79

http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/file/juridique_synthese/question_juridique_enclos_et_parcs_de_chasse.pdf

 

 

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