Animal Cross tire la sonnette d’alarme face à une réalité choquante : des centaines de milliers de chiens de race, en France, souffrent de maladies raciales d’origine génétique graves, souvent évitables. Parmi eux, les chiens dits brachycéphales sont particulièrement touchés. Ces races (bouledogue français et anglais, cavalier king charles, king charles, carlins, boston terrier, shi tzu, pekinois etc. ), sélectionnées pour leurs caractéristiques physiques “extrêmes” comme la face aplatie, paient un lourd tribut à ces exigences esthétiques.
 

Qu’est-ce que la brachycéphalie et le SORB ?

Les races brachycéphales, comme les Bouledogues français et anglais, les carlins, ou les cavaliers king charles Spaniel, sont reconnaissables à leur crâne court et large, et à leur museau raccourci. Cette morphologie, recherchée esthétiquement, entraîne malheureusement des anomalies anatomiques des voies respiratoires supérieures. C’est ce que l’on appelle le Syndrome Obstructif Respiratoire Brachycéphale (SORB)

Les malformations typiques incluent des narines souvent pincées ou sténosées, un voile du palais trop long et/ou épais, une hypertrophie des amygdales, un collapsus laryngé, une hypoplasie trachéale et parfois une macroglossie (langue trop grande). Ces anomalies créent une obstruction importante à la circulation de l’air, rendant la respiration difficile.

 

Une souffrance quotidienne pour plus de 100 000 chiens

Les conséquences du SORB sont multiples et douloureuses. Les symptômes varient en sévérité, mais incluent généralement :
Ronflements et bruits respiratoires marqués, même au repos.
Difficultés respiratoires.
Intolérance à l’effort et à la chaleur.

Troubles digestifs fréquents, comme des vomissements ou régurgitations.
Dans les cas les plus sévères, syncopes (pertes de connaissance).

 

Ces difficultés respiratoires chroniques entraînent une fatigue constante et altèrent considérablement la qualité de vie des chiens. Pour soulager l’animal, des chirurgies lourdes et douloureuses sont souvent nécessaires, mais elles n’éliminent pas la maladie, elles ne font qu’améliorer le confort.

La prévalence du SORB est massive dans ces races. Environ 64% des Carlins, 59% des Bouledogues français, et 51% des Bulldogs anglais sont atteints de SORB. Selon nos calculs, cela représenterait plus de 100 000 chiens souffrant de SORB actuellement en vie en France. Les cabinets vétérinaires sont encombrés par tous ces chiens : demandez à votre vétérinaire, il vous confirmera ce que l’on vous dit !

 

Un système d’élevage défaillant et des tests sans valeur scientifique

Ce problème est connu depuis des années, mais que le système actuel, géré par la Société Centrale Canine (SCC) sous délégation de l’État, est laxiste et inefficace.
L’article R.214-23 du Code rural interdit pourtant la sélection d’animaux sur des critères compromettant leur santé
. Cependant, cette loi n’est pas appliquée en pratique.

L’inscription des chiens de race au Livre des Origines Français (LOF) via la confirmation de leur pedigree ne requièrent aucune vérification de leur état de santé. Un chien porteur d’une maladie héréditaire ou présentant des caractéristiques extrêmes peut être confirmé et utilisé pour la reproduction. L’étape de la confirmation, obligatoire pour la reproduction LOF, repose sur un simple examen visuel rapide qui ne tient pas compte de la santé.

 

Face aux critiques concernant le SORB, la SCC a développé le test fonctionnel BREATH (BRachycephalic Exercise Aptitude Test for Health). Ce test consiste à faire marcher le chien sur 500 mètres en six minutes et à évaluer sa respiration et son état de fatigue. Cependant, nous dénonçons l’intérêt de ce test en l’état. Il n’a aucune validité scientifique avérée et ne permet pas d’identifier de manière fiable les chiens atteints de SORB. Or, l’obtention de ce test quasi-automatique permet aux chiens d’accéder aux cotations les plus élevés et d’être les “super-reproducteurs” des éleveurs.

Le test BREATH est peu discriminant. Les responsables du test eux-mêmes reconnaissent qu’il est exceptionnel qu’un chien soit refusé. Une étude sur 1445 chiens a montré que seuls 11 chiens ont été disqualifiés, soit environ 1%, alors que la prévalence du SORB est de 40% à 60% dans ces races. L’étude sur laquelle s’appuie le SCC pour justifier ce test présente des “défauts méthodologiques majeurs”, et le test de marche seul est insuffisant. Pire, la présentation du test par la SCC et les clubs de race est ambigûe et peut laisser croire qu’il s’agit d’un test de diagnostic du SORB ! Ce test inefficace ne sert qu’à créer un “écran de fumée”, donnant l’illusion que les reproducteurs sont sains alors que la grande majorité d’entre eux réussissent un test qui ne prouve rien quant à leur santé respiratoire réelle. 

 

 

L’immobilisme français face aux progrès ailleurs

Alors que des pays voisins ont mis en place des cadres beaucoup plus stricts pour lutter contre les maladies liées à la sélection, la France tarde à agir concrètement.
Aux Pays-Bas, l’élevage de chiens dont le museau est inférieur à la moitié de leur crâne est interdit depuis 2019, et les chiens brachycéphales nécessitent une autorisation vétérinaire pour se reproduire, basée sur 6 critères objectifs (bruit respiratoire, narines, longueur du museau, pli nasal, etc.)
.
En Norvège, la Cour suprême a jugé illégal l’élevage de Cavaliers King Charles Spaniels en raison des souffrances causées par leurs caractéristiques physiques (boîte crânienne trop petite notamment)
. Le Royaume-Uni impose des tests de santé pour les races brachycéphales pour les éleveurs agréés et introduit des exigences de santé pour les concours.

En France, le système actuel repose sur la seule bonne volonté des acteurs, sans mesures contraignantes, et a montré ses limites. Les efforts de la SCC, comme le guide de bonnes pratiques de 2016 ou le site LOF Select, restent “timides au regard des enjeux”.
La priorité est donnée à la “pérennité de la race” et à l’esthétique, souvent au détriment de la santé et du bien-être de l’individu
.

 

Il est temps d’agir : les demandes d’Animal Cross

Face à cette “maltraitance programmée”, Animal Cross exige des mesures concrètes et l’application stricte de la loi qui interdit déjà la sélection d’animaux qui nuit à leur santé. Le système actuel, basé sur la simple responsabilisation sans contrainte, est un échec.

Nous demandons notamment :
• Le refus de confirmation et l’interdiction de reproduction pour les animaux atteints de maladies raciales d’origine génétique, y compris la stérilisation des animaux malades.
• De compléter le test fonctionnel Breath par une grille d’appréciation complète et un vrai test diagnostique.
• Une réflexion sur la suppression de certaines races présentant une accumulation de pathologies rendant leur état sanitaire illusoire à améliorer à court terme (le Cavalier King Charles Spaniel par exemple).
La révision du standard du Bouledogue français par la France pour corriger les caractéristiques extrêmes qui causent des maladies.

 Il est urgent de mettre fin aux souffrances évitables de ces chiens. Animal Cross appelle le gouvernement et les acteurs de la filière canine à prendre leurs responsabilités et à engager sans délai une réforme de fond.