Depuis plus de 30 ans, les vétérinaires du monde entier dénoncent les dérives de la sélection canine axée sur l’apparence. À force de privilégier des traits exagérés, on condamne certains chiens à une vie de souffrances. Aujourd’hui, la mobilisation est unanime : il faut mettre fin aux maladies raciales d’origine génétique chez le chien.
Une alerte internationale dès les années 1990
La WSAVA (Association mondiale des vétérinaires spécialisés en petits animaux) a été la première à alerter sur les dangers de certaines sélections extrêmes. Dans ses vidéos éducatives, des vétérinaires du monde entier témoignent de la souffrance des chiens atteints du syndrome obstructif respiratoire brachycéphale (SORB), très fréquent chez les races à museau écrasé.
Lors de son congrès mondial à Copenhague en 2017, la WSAVA a même lancé un appel :
« Certaines caractéristiques exagérées qui plaisent aux propriétaires entraînent des problèmes de santé pour les animaux. La préférence pour les races pures favorise aussi les maladies liées à la consanguinité. »
L’Europe vétérinaire unie contre les dérives
En juin 2018, deux grandes instances européennes – la FVE (Fédération vétérinaire européenne) et la FECAVA (Fédération européenne des vétérinaires pour animaux de compagnie) – publient un dépliant d’alerte ( à voir ici) :
« L’hypertype peut conduire à une mauvaise santé et un mal-être des animaux, au point de les faire souffrir. »
Elles dénoncent aussi les traitements chroniques, coûteux, et la détresse des adoptants, souvent impuissants ou contraints à l’abandon.
Une prise de position ferme en France
La même année, l’Académie vétérinaire de France publie un avis officiel : « La nécessité de renforcer la prévention et la lutte contre les hypertypes canins ».
Pour le vétérinaire Gilles Chaudieu, l’hypertype est une erreur de sélection :
- Esthétique, car il déforme le type racial original
- Sanitaire, car il engendre souffrance et maladies
Une sensibilisation qui s’intensifie
En 2019, l’AFVAC (Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie) lance une campagne choc :
« Souffrir pour plaire, non merci ! Les sujets hypertypés ne sont ni attendrissants, ni craquants : ils souffrent toute leur vie. »
Et en 2023, la chaire Bien-être animal de VetAgro Sup rappelle que les critères de beauté extrêmes peuvent mener à la souffrance.