Un lobby au cœur de nos institutions

La chasse n’est pas qu’un loisir ancré dans les traditions rurales françaises. Elle est aussi le terrain d’action d’un véritable lobby aux ramifications politiques et économiques puissantes. Derrière les scènes de battues ou les discours sur la régulation de la faune, se cachent des stratégies de communication redoutables, destinées à protéger des intérêts bien éloignés de la nature.

En France, environ 120 députés et 60 sénateurs sont membres de groupes parlementaires pro-chasse. Tous partis confondus, ces élus défendent régulièrement les intérêts des chasseurs, tombés aujourd’hui sous la barre du million, souvent au mépris des données scientifiques et de l’opinion publique. Ce maillage politique garantit une influence directe sur les lois, les arrêtés ministériels et les grandes orientations environnementales.

Un pacte politique révélateur

En 2018, le président Emmanuel Macron a scellé un pacte inédit avec la Fédération nationale des chasseurs (FNC), en échange de son soutien politique :

  • Baisse du prix du permis de chasse (de 400 à 200 €),

  • Autorisation des silencieux, malgré les risques pour la sécurité des promeneurs,

  • Reconnaissance des chasses traditionnelles (glu, filets…), pourtant condamnées par l’Union européenne,

  • Subventions publiques généreuses attribuées à la FNC.

Ce pacte officialise ce que les associations de protection animale dénoncent depuis longtemps : la chasse est un sujet politique instrumentalisé, non un débat de société ouvert.

Une image travaillée, loin de la réalité

Le discours du chasseur “premier écologiste de France” est savamment entretenu dans les médias. Il s’appuie sur des éléments de langage bien rodés :

  • “La chasse régule les espèces”,

  • “Les chasseurs entretiennent les espaces naturels”,

  • “Ils défendent les traditions rurales”.

Ces affirmations sont pourtant largement contestées :

  • La régulation sert souvent des logiques de surpopulation artificielle (voir les lâchers d’animaux d’élevage),

  • Les dégâts causés à la biodiversité, aux sols et aux espèces sensibles sont largement sous documentés,

  • Les traditions invoquées servent souvent à justifier des pratiques cruelles et obsolètes.

La propagande cynégétique prend également la forme d’événements publics, d’actions pédagogiques dans les écoles, de publicités locales ou encore de partenariats avec certaines chaînes de télévision ou de radio.

UNE NOUVELLE CAMPAGNE DE COMMUNICATION AGRESSIVE EN 2025

En 2025, la Fédération nationale des chasseurs a lancé une nouvelle campagne de communication nationale d’une ampleur inédite. Affichage, spots TV, podcasts, influence sur les réseaux sociaux : tout est mis en œuvre pour redorer le blason d’une activité de plus en plus critiquée. Le message est clair : les chasseurs seraient des “acteurs de terrain indispensables à la biodiversité” et des “alliés du monde rural face à la crise climatique”.

Cette campagne cherche à inverser la tendance de l’opinion publique, sans jamais évoquer les réalités dérangeantes de la chasse : souffrance animale, accidents, atteintes à la biodiversité, destructions illégales d’espèces protégées. Elle omet aussi de dire que les “opérations de régulation” mettent souvent en péril l’équilibre écologique, qu’elles ciblent parfois des espèces non-problématiques, et qu’elles servent fréquemment des intérêts cynégétiques privés.

Animal Cross dénonce cette offensive médiatique orchestrée avec des moyens considérables — financés en partie par des fonds publics — pour masquer une activité incompatible avec les enjeux éthiques et environnementaux actuels. Il est essentiel de rappeler que la chasse, loin d’être une solution, est bien souvent une partie du problème.

Une opinion publique ignorée

La dissonance entre cette communication et les attentes de la population est flagrante :

  • En 2023, 53 % des Français se disent opposés à la chasse,

  • 76 % évitent de se promener en forêt de peur d’un accident (IPSOS),

  • 78 % souhaitent l’interdiction de la chasse le dimanche (IFOP).

Malgré cela, le gouvernement reste sourd. Pourquoi ? Parce que la FNC est mieux organisée, mieux financée et mieux écoutée que les défenseurs de la cause animale

Notre demande 

 Exiger des responsables des fédérations de chasse de rendre publics leurs liens d’intérêt avec les élus, les scientifiques, les industriels, à l’image du “Sunshine act” mis en place pour l’industrie pharmaceutique.

  • Interdire les interventions des fédérations de chasse dans le cadre scolaire.

  • Intégrer dans les films de promotion de la chasse un bandeau (sur le modèle de ceux alertant de la violence de films) indiquant que “la chasse est une activité violente qui génère de la souffrance animale”.

  • Interdire l’utilisation des fonds publics à des fins de promotion cynégétique, et intensifier leur contrôle.